En français : Désensibilisation et Reprogrammation par les Mouvements Oculaires.
Cette pratique thérapeutique a été créée en Californie dans les années 80 par Francine Shapiro, et a ensuite été largement développée à travers les Etats Unis et le Canada.
Ses applications et nombreux travaux de recherche ont pu démontrer son efficacité et l'ampleur de son champ d'action, notamment sur les vétérans du Vietnam, puis sur des femmes victimes de violences sexuelles et des personnes ayant été exposées à des catastrophes naturelles.
Longtemps peu connue du public français, l'EMDR a connu un essor de popularité grâce aux publications de David Servan-Schreiber.
(Trouble de Stress Post-Traumatique)
Aujourd'hui l'EMDR est recommandé entre autres par l'OMS, la HAS et l'INSERM comme une prise en charge efficace dans le traitement du TSPT (trouble de stress post-traumatique).
Cela signifie que la recherche scientifique a permis de démontrer son efficacité de manière assez documentée pour recevoir l'approbation de ces instances :
Les stimulations bilatérales alternées (mouvements oculaires de gauche à droite) conjuguées à un état d'attention double (apparenté à un état de pleine conscience - permettant au patient d'être à la fois ici et maintenant, et au moment de l'événement perturbant), permettent au cerveau de "classer" ces souvenirs dans un réseau de mémoire adapté.
Le souvenir n’est ni oublié ni effacé : il se détache simplement de sa valence émotionnelle négative. Le patient peut alors évoquer ce souvenir sans ressentir d’angoisse, de peur ou de malaise.
Les effets de l'EMDR sur le TSPT sont une diminution ou une disparition des symptômes invalidants. Ces améliorations et changements sont réputés plus rapides (nécessitant moins de séances) car il s'agit d'un traumatisme dit "simple". C'est le cas par exemple des événements circonscrits dans le temps, même si répétés sur une période donnée : accident, catastrophe, agression...).
Ceux sur un traumatisme plus ancien -ayant souvent des répercussions sur la construction de personnalité de l'individu, et donc sur son présent-, appelé "traumatisme complexe" ; sont un meilleur fonctionnement dans son environnement : diminution ou disparition des symptômes de la dépression, de la phobie, des TOC, de l'anxiété, des addictions...
Le retraitement d'un traumatisme complexe demande plus de temps, plus de séances car les "origines" des croyances négatives en place sont plus nombreuses, et il y a donc plus de cibles à retraiter.
Il se peut que vous consultiez un praticien EMDR pour un trauma simple, et que les séances vous amènent à comprendre qu'il existe d'autres sources plus anciennes, plus complexes. Vous pouvez alors décider avec votre thérapeute de ne travailler que sur le problème actuel (par exemple, la douleur morale suite à une rupture), afin de ne plus ressentir la souffrance liée à ce problème précis.
Vous pouvez aussi choisir d'aller "au bout de la démarche" pour retraiter toutes les cibles du passé qui ont encore des impacts négatifs sur votre vie actuelle (par exemple, le sentiment d'abandon, de trahison ou de solitude que cette rupture a pu réactiver, et qui est vraisemblablement lié à des traumatismes plus anciens).
La pratique de l'EMDR peut vous être proposée par votre thérapeute, s'il/elle estime que c'est approprié, au cours de votre suivi. Vous pouvez également le/la solliciter dans le but de travailler en EMDR sur un aspect particulier de votre vie, qui vous met en difficulté.
Dans un premier temps, le patient est invité à expliquer la raison de sa venue, sa demande. Puis un plan de ciblage est effectué, grâce auquel une ou plusieurs cibles à retraiter sont identifiées. Cette phase est très importante et peut nécessiter du temps, parfois plusieurs séances. Il s'agit d'un travail collaboratif entre le patient et le thérapeute.
Ensuite le praticien explique le processus, reprend les consignes et répond aux questions éventuelles. Avant le retraitement, le protocole inclut des exercices de relaxation et de mentalisation/visualisation qui ont pour objectif de faire entrer le patient dans un état de pleine conscience et d’apaisement, lui permettant d’accéder aux cognitions, émotions et sensations corporelles en lien avec la problématique ciblée.
Puis vient le retraitement des cibles : il faut compter environ une séance par cible où le patient est invité à suivre les instructions du praticien jusqu’à la fin du protocole.
L’objectif de ces retraitements est de "relancer" le travail que le cerveau n’a pas pu faire spontanément. Ce travail se poursuit entre les séances car le cerveau ayant été stimulé, il continue d'effectuer le travail de "classement" des informations dans un réseau de mémoires adapté.
Il est normal que lors des jours et nuits suivants, le patient fasse de nouveaux rêves, ait de nouvelles compréhensions, ou que de nouveaux souvenirs apparaissent.
Il est important de les accueillir avec sérénité, car même si ces manifestations peuvent parfois sembler perturbantes, elles sont le signe que de nouvelles connexions se font, et donc que la thérapie fonctionne. A la séance suivante le patient peut reprendre ces éléments avec le thérapeute, afin d’enrichir le plan de ciblage et de le rendre plus efficient.
Comme pour toute psychothérapie, il est difficile de prévoir à l’avance le nombre de séances nécessaires : cela dépend de la problématique sur laquelle le patient souhaite travailler, de sa personnalité, et du nombre de cibles à retraiter.
Globalement, la prise en charge peut aller de trois/quatre pour les traumas simples, à quinze/vingt séances pour les traumas complexes. Elle peut être interrompue à tout moment, à condition d’avoir terminé le retraitement d’une cible, si le patient se sent soulagé et ne ressent pas le besoin d'aller plus loin.
Souvent, le retraitement des cibles "source" ont un effet positif qui permettent au patient d'observer des changements rapidement dans sa vie quotidienne, sa façon de voir les choses, son rapport aux autres et au monde.
La fréquence des séances est également assez souple : elle peut aller d'une fois par semaine à une fois par mois, voire un peu plus. Cela dépend de nombreux facteurs : raison de la consultation, personnalité -notamment la résilience, le sentiment d'auto-efficacité et autres ressources psychiques-, moment de la thérapie, urgence du soulagement moral exprimée par le patient, soutien social disponible.
Le praticien peut aussi, en fonction de sa problématique, ou à un moment donné de la thérapie, lui conseiller d'espacer ou de rapprocher les consultations. Parfois, une "pause" de quelques semaines peut être nécessaire, afin de laisser du temps au cerveau pour retraiter les informations, notamment quand la cible travaillée était fondamentale ou particulièrement chargée sur le plan émotionnel.
Cela permet aussi au patient de faire un point sur ce qui a changé pour lui, dans son quotidien, dans ses relations aux autres, et sur ce qui lui reste à travailler pour atteindre ses objectifs.